Quand le curé n'aime pas les fêtes de village ...Burdinne - 1863

Fête de Ste Brigitte à Burdinne - 1863

Ste Brigitte est vénérée en tant que protectrice, capable de guérir les diverses affections qui atteignent la race bovine.

Au 19e siècle, le lundi de Pentecôte, sa réputation attire immanquablement à Burdinne, des pèlerins en grand nombre, mais le jour de la fête est aussi mis à profit par le plus grand nombre pour danser et se divertir.

Le curé Ista, de Burdinne, gardien austère de la morale en a assez des désordres qui se renouvellent. Aussi décide-t-il en cette année 1863 de frapper un grand coup : il prie ses "collègues" des environs, d'avertir le peuple en chaire de vérité : "n'allez pas en pèlerinage à Burdinne ! "

Le dimanche suivant, le message a été très bien reçu, notamment à Ciplet, où le pasteur, s'exprimant d'estoc et de taille, dans un langage moitié français, moitié wallon, a carrément mis les points sur les i. En effet, l'orateur lance textuellement : "Vous êtes plus vaches que vos vaches ! Après avoir prié, vous allez vous faire repasser comme de vieux rasoirs ... " Et ce ne sont là que quelques-unes des paroles déplorables, inouïes qui sont tombées du haut du meuble couronné par le St Esprit !

Il faut convenir que "les filles de Ciplet ne sont pas toutes des Lucrèce", écrivit un penseur de gauche, "elles ont leurs moments de faiblesses et de défaillances, mais c'est partout la même chose et nous ne nous expliquons réellement pas la brutale sortie du curé qui n'a pas rougi de ravaler ses paroissiennes au-dessous du niveau des animaux pour lesquels on invoque la sainte". Conclusion du critique : "Tous les honnêtes gens le déploreront, et la presse, en le signalant, donnera à réfléchir à ceux qui seraient tentés de s'abandonner à de pareils écarts …"

Au début de juin, une seconde lettre parvient au siège d'un journal, écrite par la même personne. On y parle encore de la foule pieuse qui souhaite préserver son bétail des maladies et des maléfices, mais aussi du fait que ce jour de fête là, les cabaretiers font "une assez bonne moisson". 

Et on apprend que le curé de Burdinne, adversaire acharné "des cabarets et des divertissements" avait annoncé au prône, qu'il "supprimerait les cérémonies religieuses si les cafetiers ne lui promettaient pas de supprimer les danses"

Or les tenanciers n'on bien sûr rien promis. 

Alors le curé a tenu parole. Il a prié ses collègues du voisinage de dissuader leurs paroissiens candidats à la vénération. Beaucoup de ces "collègues curés" ont fait la sourde oreille, à l'exception de ceux de Ciplet et de Hannêche.

Et donc, logiquement, le lundi de la Pentecôte, jour de Ste Brigitte, on n'a dit dit qu'une messe basse à Burdinne, contrairement à tout ce qui se faisait jusque là. Une fois l'église vidée de ses fidèles, on a fermé les portes. 

Les centaines de fidèles attendant les offices habituels furent obligés de s'agenouiller sur les marches extérieures et de faire passer leurs offrandes par dessous la porte.

Inutile de préciser l'indignation publique qui se traduisit en paroles amères et fort dures.

Cependant, dans son homélie, le curé de Hannêche a réussi à dépasser celui de Ciplet : il a emprunté aux âges de la race bovine, les termes de "génisses" et de "vaches" qui voltigeaient sur ses lèvres avec une "grâce infinie"... 

                                                                                                     D'après un article du journal "L'Aronde", n° 82 - Avril 1995

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Burdinne
19ème siècle » 1860 - 1869
Papier
Vie communale » Divers
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