Les macrâles du ry Jean-Jean

Le terme « macrâle » désigne une espèce de sorcière. Une sorcière dont on brûle, dans le folklore local, l’effigie à la fin de l’hiver pour préparer le printemps sous de bons auspices.

Le bûcher est probablement une réminiscence de l’inquisition où toute sorcière déclarée comme telle était condamnée à être brûlée vive.

A Lamontzée, le souvenir de Nanêche Poti, macrâle du ry Jean-Jean, assommée par un fermier, était naguère rappelé par les villageois qui, lors d’une procession,  sillonnaient le hameau à la lueur de bougies placées dans des betteraves sculptées en forme de tête de mort.

Jean Ruelle, habitant du village, tenait de sa mère, Emma Dejaive, ces histoires de  processions et de Nanèche Poty, et avait plaisir à raconter la légende :

Lorsqu’elle était toute petite (note : la maman de Jean Ruelle), tout le monde avait peur de Nanèche. Certains soirs, elle se couvrait d’un linceul et pénétrait dans le cimetière en criant « wouh, wouh ». Elle se cachait aussi dans les buissons sur la route de Héron, en criant d’une voix perçante et déchirante.

Le jour, Nanèche s’amusait à ensorceler les cultivateurs leur promettant la mort du bétail s’ils ne lui donnaient pas une tartine. Même les enfants s’appliquaient en classe de peur de subir la punition promise par le maître, à savoir, rendre des comptes à la macrâle s’ils n’étaient pas sages.

Chaque année, les habitants de Ville-en-Hesbaye venaient aussi à la procession aux bougies. En retournant, ils s’arrêtaient devant la potale St Pierre pour jouer un air de musique.

Une année, Alfred, l’incroyant de la bande, refusa de jouer en traitant ses camarades de sots. « Toi, il ne t’arrivera rien de bon » lui dirent-ils.

La nuit, ne trouvant pas le sommeil et pris de remords, Alfred alla réveiller tous ses compagnons pour aller jouer à la potale afin de regagner la quiétude de son âme.

 

 En 1972, dans le prolongement de ces processions, et sous l’impulsion de Jean Ruelle, quelques jeunes, pour la plupart de Lamontzée, désireux de se réunir et de s’amuser ensemble, décident de fonder un club de jeunes.

Leur but initial et essentiel est de faire revivre le petit village en se retrouvant le dimanche pour s’amuser et organiser des bals, la St Nicolas des enfants, des promenades, etc…

Au cours d’une de leurs sorties dominicales, ils se rendent à Vielsam, berceau d’un groupe de macrâles. Ils en reviennent envoûtés, ensorcelés, emmacrâlés, à un tel point que, dès juillet de la même année, ils décident d’organiser à Lamontzée une exposition consacrée à ce folklore des Macrâles.

De là à ce que germe l’idée de fonder un nouveau groupe de macrâles, et faire renaître la légende de Nanèche Poty, il n’y a qu’un pas que ces jeunes franchiront en 1974.

C’est en effet le 22 septembre 1974 que, reprenant le nom du petit affluent de la Burdinale, (le ry Jean-Jean), le groupe des "macrâles du Ry Djon-Djon" fait sa première apparition dans le cortège folklorique organisé à Lamontzée, et auquel quelques groupements de la commune avaient été invités.

Pour cet évènement, les bonnes volontés se sont rassemblées, et en trois jours, les tenues des macrâles sont confectionnées et les attributs caractéristiques décidés et trouvés : robe noire, chapeau traversé d’une grande épingle de nourrice, masque, foulard campagnard rouge à pois blancs, corde pour la besace à confettis, balai et autres objets effrayants (souris, rats, serpents …)

Désormais, les gens vont pouvoir découvrir un  nouveau visage de Lamontzée alliant mystères, diableries, rires et amusement.

De suite, au-delà des espérances de tous, le groupe rencontre un grand succès, tant lors de ce cortège que dans ses premières sorties extérieures : Gelbressée, Vedrin, Wanze, Ambresin, Huy, Aywaille, Ellezelles, Latinne, Fosses-la-ville …

L’année suivante, en 1975, fortes de leur réussite, les macrâles récidivent avec autant de bonheur. Après un interlude d’une année, la fête à Lamontzée reprend ses droits  en 1977. Pendant cette interruption, le groupe a continué à se produire dans diverses manifestations villageoises extérieures.

1977 sera l’année clé pour le groupe : ce fut la première participation au sabbat des macrâles de Haccourt, avec lesquelles seront entretenus annuellement de solides liens d’amitié. Ce fut également l’année d’une participation aux fêtes de Wallonie à Liège.

La même année, alors que le cortège s’agrandit et qu’il ne sait plus être géré par les jeunes, le syndicat d’initiative de la vallée de la Burdinale forme un comité sous le nom de « Folklore de la Burdinale », qui se charge de l’organisation des festivités, les macrâles demeurant un groupe à part entière qui continue à sillonner le pays.

Les années ’80 passent très vite et en 1987, le « Folklore de la Burdinale » ne souhaitant plus entreprendre de telles manifestations, les macrâles du ry Djon-Djon profiteront de l’occasion qui leur est offerte pour se réapproprier le patronage de la fête.

Les manifestations extérieures se multiplieront encore, notamment avec des sorties à Haccourt, Waremme, Visé, Hannêche, Seron, Ambresin, Amay, St-Marc, ainsi que des délégations outre Rhin à Duisbourg, Aix et Atendorn.

Une légende, rarement démentie,  circulait au sujet des macrâles du Ry Djon-Djon, qui affirmait que « lorsque les macrâles sortent, la pluie cesse immédiatement ».  

 

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Macrâles - 1981
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