Château de Marneffe

Non repris dans IPIC (Inventaire du Patrimoine Immobilier Culturel - Wallonie) La plupart des cartes postales de ce château viennent des collections J-P. Limbort et Anne Roquet

C'est au 12e siècle que les moines de l'abbaye de Floreffe vinrent "occuper" la région et l'ouvrir à l'exploitation agricole par de vastes déboisements successifs, dont le nom "Sart" trouve probablement son origine (verbe "essarter = arracher et brûler les broussailles après déboisement). L'origine du domaine vient probablement de là.

Après avoir acheté le 12 janvier 1841 la vieille ferme du Sart (appartenant en 1830 au comte de Hemricourt), c'est en 1870 que le comte Jean de Diest (1822 - 1889) et son épouse Félicité Cartuyvels, nobles de la région, font démolir l'ancienne ferme, la reconstruisent à peu de distance, transforment les jardins en parc et font ériger par l’architecte hutois Emile Vierset-Godin, au milieu de plusieurs centaines d'hectares surplombant la vallée de la Burdinale, l’impressionnant château. (Le vieux château du Sart est cité dans le « dictionnaire géographique de la province de Liège / Henri Del Vaux de Fouron, 1842,T.2, p. 299).

Le château fut bâti avec somptuosité. Style classique, longue construction rectangulaire en briques rouges, départagée au centre par un fronton couronnant le perron de l’entrée monumentale, un beau parc paysager, une ferme et de nombreuses dépendances (écuries, remises, maison de garde, fournil, serres et même orangerie).

Le perron donne accès à un hall de marbre où s’amorce le double escalier d’honneur, en marbre blanc, et s’ouvre sur la salle de la rotonde, cœur de la maison.

De la rotonde, on gagne à gauche, la salle à manger d’apparat et à droite, ce qui fut la salle des billards.

Partout, des ors, de vieux chênes sculptés, des amours portant des cartouches aux armes du bâtisseur, le comte Jean de Diest. Une coupole surmonte la rotonde et une tour carrée est également aménagée.

Les parcs étaient magnifiques : potagers, charmilles, futaies, bois, massifs, grandes allées, ronds-points, etc.

Deux grands étangs artificiels y furent également aménagés, ainsi qu’une chapelle.

Félicité de Diest, fille de Jean Baptiste et épouse de Paul Farcy, vend, en 1902, le château à des Jésuites français. Il sera occupé de 1903 à 1919, par ces Jésuites,  chassés par la loi « Combes » (En France, Emile Combes, président du conseil, interdit aux congrégations d’enseigner, expulse les religieux et liquide leurs biens – La loi sera abrogée en 1940).

D’importants bâtiments sont alors construits à proximité du château, entre 1902 et 1905. Ils servent aujourd’hui à la prison proprement dite (cellules, bureaux, logements, …).

Les Jésuites y installent le collège St Joseph destiné aux fils des plus grandes familles. On leur doit la grosse construction qui flanque l’entrée de la propriété, c’est l’hôtellerie, avec ses quatre étages. Ce bâtiment fut aménagé pour recevoir les membres des familles venant visiter les Jésuites exilés.

L’achèvement de la chapelle et du cloître date de cette époque (1913).

C’est à leurs anciens élèves tombés durant la guerre 14/18 que les Jésuites dédièrent le bronze équestre de Jeanne d’Arc qu’on trouve dans le parc du château et qui nous rappelle les noms des élèves et anciens professeurs du collège qui moururent pour la France.

Les différentes annexes construites durant cette période eurent pour but de transformer le collège en internat.

Lorsqu’ils purent rentrer dans leur pays en 1919, les Jésuites cédèrent l’ensemble à l’État belge pour 750.000 francs.

L’école des pupilles occupa le château de 1920 à 1926/1927.

De cette époque, datent les vitraux armoriés de la chapelle et un certain nombre d’inscriptions B.M. 14 (Bâtiment militaire 14).

Une forte délégation des P.T.T. aménagea alors 300 chambres individuelles pour remplacer les anciens dortoirs communs. On avait l’intention de faire servir le château comme home de repos pour les agents de ce ministère.

L’Administration des Domaines ne possédait plus que 42,5 ha de parcs et terrains de culture.

Au lendemain de l’instauration de la République en Espagne et l’ère des persécutions religieuses qui suivit, une forte colonie de Jésuites espagnols, originaires de Oña, village près de Bilbao, louèrent pour 7 ans, le domaine à 200.000 francs par an. Ils aménagèrent un puits artésien de 38 mètres de profondeur, équipé électriquement et deux frontons de pelote basque.

Plus tard, le sort des armes ayant été favorable aux nationalistes espagnols, les Jésuites rejoignirent la Biscaye (province au Nord de l’Espagne), résiliant leur bail d’un an.

A ce moment, fut étudiée, à l’intervention du Ministère de la Santé publique, la création d’une plaine de jeux pour le développement de la jeunesse.

La ville de Liège songea à racheter le domaine. Le bourgmestre et le conseil communal vint prospecter le terrain. Ce fut finalement Wégimont qui fut préféré au domaine de Marneffe.

Les derniers concierges qui ont été occupés au domaine jusqu'au début de la deuxième guerre mondiale, sont Lambert Genon et Marc Biss, de Marneffe.

En 1938, au moment où les Juifs allemands furent chassés de leur pays par l’avènement du national-socialisme, le gouvernement belge et plus particulièrement le ministre de la Justice, décida d’y créer un centre d’hébergement et d’accueil .

Pour sauvegarder la dignité de ces malheureux, on institua à leur intention un système de « self-government » qui allait se maintenir par la suite, malgré de grands changements dans la nature de la population hébergée, et qui est à l’origine des méthodes qui seront appliquées au centre pénitentiaire.

Cette colonie israélite occupa le château à partir du printemps 1939. L’invasion de la Belgique en 1940 entraîna son évacuation vers la France. (sur cette période voir l’ouvrage de J-P. Callens : Les réfugiés juifs au camp de Marneffe - 2019)

Durant la guerre, l’Administration Pénitentiaire eut l’idée d’utiliser le domaine de Marneffe pour procurer aux prisons, les légumes nécessaires à leur ravitaillement, rendu fort difficile par la guerre.

A la libération, les troupes américaines s’installèrent au château.

Des condamnés primaires, jugés aptes aux travaux des champs et susceptibles de s’adapter à un régime dans un établissement sans surveillance furent dirigés sur ce qui devint le Centre Pénitentiaire Agricole (CPA) de Marneffe.

Avec la fin de la guerre et la diminution du nombre de détenus, il fut possible d’affecter Marneffe aux jeunes condamnés et le château devint le Centre Pénitentiaire Ecole (CPE) de Marneffe.

Voir aussi : La statue équestre de Jeanne d'Arc et son mémorial

Bien et PPPW
Aucun fichier
Marneffe - Le château
Catégorisation
Marneffe
20ème siècle
Papier » Cartes postales
Patrimoine civil » Châteaux
50.5660663763089 ; 5.145077705383301